À la maison, ils posent mille et une questions. Et sont d’habiles négociateurs surtout quand il s’agit… de préserver leurs intérêts.
« Les enfants précoces n’ont pas leur pareil pour ergoter jusqu’au moment où ils vont débusquer nos contradictions », décrypte la thérapeute Nathalie Favre. Aux parents de ne pas se laisser faire. « Il faut rester ferme et trancher par : “C’est comme ça et pas autrement”, recommande Jeanne Siaud-Facchin, psychologue clinicienne. Il faut maintenir la règle des 3 C. Clarté : on explique clairement le pourquoi des consignes. Cohérence : on ne fait aucune exception à la règle sans l’expliquer. Consistance : on reste un parent fidèle à ses valeurs. »
De façon générale, ils ont besoin d’être sortis de leur bulle d’isolement. Il faut surtout éviter de les réduire à leur précocité ! Sinon ils risquent de devenir asociaux et imbus d’eux-mêmes. S’ils sont au courant de leur spécificité, à nous de leur préciser que ça n’est qu’une composante de leur caractère… On n’est pas une belle personne parce qu’on est surdoué !
Ils sont à fleur de peau ? En proie à une empathie démesurée ? Tristes ou colériques ? Aux parents d’en tenir compte. On oublie trop le fond mélancolique de ces enfants, souvent bien plus lucides sur le monde que les autres. Il est important de recueillir leurs états d’âme, mais aussi de les entraîner vers le positif, en leur demandant, par exemple, de lister tous les soirs trois sources de joie qu’ils ont éprouvées pendant la journée. S’ils sont colériques et impatients, à nous de leur apprendre à gérer la frustration. Poussez-les à s’exprimer…
Qu’appelle-t-on “enfant précoce” ?
Haut potentiel, surdoué, intellectuellement précoce, zèbre… Quel que soit le terme employé, la précocité de votre enfant a été déterminée par un psychologue. Et vous vous demandez désormais comment gérer cette différence. Pour mieux l’appréhender en tant que parents, il faut commencer par bien la comprendre.
Une précocité est déterminée par un psychologue, après avoir effectué des tests de QI. Si le résultat se révèle supérieur à 130, votre enfant est ce qu’on appelle aussi parfois « surdoué ». Mais de nombreux fantasmes sont liés à ce terme, pourtant, des enfants précoces ne sont pas des petits génies. « Ils n’ont pas une intelligence quantitative supérieure, explique Jeanne Siaud-Facchin, psychologue qui a suivi et étudié de nombreux surdoués. Ces petits zèbres, comme j’aime à les appeler, ont un raisonnement différent, qui mêle une intelligence qualitativement singulière et une émotionnalité tout aussi particulière. »
En effet, leur amygdale, décodeur des émotions dans le cerveau, est quant à elle plus vulnérable. « Ce ne sont donc pas des enfants qui pensent froidement, avec une logique implacable. Chez l’enfant surdoué, l’affectif est présent partout et tout le temps. L’ingérence affective est également repérable dans le fonctionnement intellectuel. L’hypersensibilité et l’hyperesthésie de l’enfant surdoué, c’est à dire le développement exacerbé de l’ensemble de ses sens, expliquent en partie cette surcharge émotionnelle. L’enfant surdoué est une véritable éponge émotionnelle. C’est un enfant aux réactions épidermiques, avec une sensibilité à fleur de peau.», explique la spécialiste.
Comment agir avec son enfant HP ?
– De la bienveillance avant tout
Il faut être très attentif à ne pas faire subir à ces enfants-là une pression quelconque d’excellence ou de réussite, dans quelques domaines que ce soit. « Ce qui va ainsi faire la différence pour accompagner ces enfants surdoués, c’est la bienveillance, au sens étymologique du terme, c’est-à-dire, qu’on leur veuille tout simplement du bien, sans avoir une attente particulière », estime la psychologue. En effet, comme n’importe quelle différence, la douance peut être une grande richesse mais peut aussi générer pas mal de de fragilités et de souffrances. « Les parents doivent donc bien comprendre qu’il s’agit d’une singularité, pas d’une chance ou d’une faiblesse. Ces enfants-là vont avoir un rapport à leur parent, à la famille, à l’amitié, à l’école tout simplement différent et si les parents le comprennent, les accompagner devient beaucoup plus fluide », d’après elle.
– Soyez présents et rassurants
Trop souvent, la thérapeute ressent une sorte de crispation et d’inquiétude de la part des parents, qui se demandent ce qu’ils vont devoir faire. Ce à quoi Jeanne siaud-Facchin leur répond simplement d’être attentifs aux besoins qui sont les siens. « Ils doivent accepter que sa façon de réagir et de se comporter, ses attentes, ne sont pas les plus classiques pour un enfant de cet âge. Mais leur petit zèbre ne fait pas exprès, il ne cherche à pas à être en désaccord, mais il teste les limites pour être sûr que les gens autour de lui sont solides », explique-t-elle. En effet, ces enfants sont souvent beaucoup plus inquiets et angoissés, car ils ont besoin d’être plus rassurés que les autres. « Ils vont chercher à sentir chez les adultes qui les entourent qu’ils peuvent avoir confiance en eux et compter sur leur soutien. »
– L’authenticité et l’honnêteté, valeurs clés
Pour établir cette confiance, l’honnêteté et l’intégrité sont nécessaires. Ainsi, lorsque cette précocité est diagnostiquée, il est important d’en parler en toute transparence avec votre petit bout. « L’enfant surdoué a besoin de savoir qui il est pour trouver où il va. Il en a besoin pour se construire : si on ne lui explique jamais que sa manière différente de raisonner vient du fait qu’il est surdoué, c’est d’une extrême violence », insiste la psychologue. Pour autant, il ne faut pas lui dire qu’il est exceptionnel et le survaloriser. Vous pouvez simplement dire la vérité aux enfants, ils sont en mesure de l’intégrer et ainsi mieux gérer leur différence.
– Ne pas les stigmatiser et s’affranchir de certains mythes
Souvent, les parents ont du mal à gérer la nouvelle, car beaucoup de fantasmes sont liés à la précocité. « Ils ne doivent pas hésiter à poser beaucoup de questions, lors de l’entretien avec le psychologue. Ils doivent ainsi comprendre qu’être surdoué, ce n’est ni une fierté ni un poids », explique-t-elle. C’est une gestion difficile, mais les parents doivent au quotidien prendre du recul et comprendre que leur enfant n’aura pas toujours les réactions attendues. Evitez donc de le lui rappeler avec des phrases du type « T’es trop sensible ! », « Mais pourquoi tu te fais du souci, ce n’est rien ! » ou encore « C’est ridicule de pleurer pour ça ». En effet, en lui disant que sa façon d’être n’est pas conforme, il peut se fermer. Pour l’éviter, il faut donc être dans la compréhension.
– Laissez-les s’ennuyer !
Les surdoués sont des enfants intrinsèquement curieux et ouverts au monde. Ils sont en alerte permanente sur ce qui se passe autour. On peut ainsi alimenter leur soif de découverte, notamment par des activités ou en répondant à leurs questions. Toutefois, ils n’ont pas besoin d’être stimulés, car au final, ils s’auto-stimulent déjà suffisamment. « Il ne faut surtout pas sur-occuper son enfant, car on peut brimer sa créativité et son imagination. La grande richesse des surdoués vient de ce que l’on appelle la pensée divergente. Elle vient dans les moments où l’on n’a rien à faire, quand le cerveau se met en mode « par défaut ». Laissez donc vos enfants s’ennuyer : multiplier les activités ne va pas les rendre plus intelligents. »
Comment gérer un enfant précoce au sein d’une fratrie ?
« Il faut tout d’abord partir d’une vérité qu’on a du mal à entendre : on n’aime pas de la même manière ses enfants, pas en terme de quantité mais la nature du lien est différente. Le lien affectif entre deux personnes est unique et ne repose pas sur un pied d’égalité. Le monde est en effet injuste, mais l’important reste l’équité », tranche la psychologue. Un écueil à éviter est donc de favoriser et de se concentrer uniquement sur son enfant précoce. S’il a des besoins différents et que de manière générale il le signifiera plus facilement, cela ne veut pas dire que les autres enfants n’ont pas de besoins. Au contraire.
Un précoce va simplement obliger les parents à être plus attentifs. Souvent, cela va les pousser à l’être avec tous leurs enfants. Mais si ce n’est pas le cas, il faut pourtant porter tout autant d’attention aux besoins de tous ses enfants. Cherchez à tirer profit de la présence au sein d’une famille d’un haut potentiel, car il oblige à la remise en question permanente. Et à la psychologue de conclure : « Ce sont des enfants intenses (intensité dans leur réactivité, intensité dans leurs attentes affectives…) Il faut que cette intensité soit bénéfique à l’ensemble de la famille ».
Etre un élève Haut Potentiel
Des difficultés réelles
Les élèves à Haut Potentiel touchent 2 à 3 % de la population scolaire en France. Les élèves avec trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDA/H) touche environ 4% des enfants. Contre toute attente, les élèves à haut potentiel sont très souvent en échec scolaire, ils peuvent également présenter des troubles du comportement dès la classe de maternelle. Difficulté de concentration, anxiété, impulsivité, impatience, provocation, agitation… Toutes ces particularités comportementales affectent profondément la vie sociale, scolaire et familiale de l’enfant. Elles ont de fortes conséquences sur la confiance et l’estime de soi. Leur précocité se manifeste plus particulièrement dans certains domaines (langage oral, lecture, mémoire, sens de la justice…).
Un fonctionnement spécifique
L’élève à haut potentiel a été repéré pendant longtemps sur le seul critère d’un QI supérieur à 130. Aujourd’hui avec les nouveaux tests proposés, on peut définir des profils particuliers. Certains de ces enfants sont atteints de troubles spécifiques des apprentissages (dyslexie, dyspraxie, trouble de l’attention…). Le diagnostic doit donc tenir compte de plusieurs aspects : psychométrique, psychologique, scolaire, médical…
Apprentissages : Des résultats irréguliers
L’enfant HP apprend généralement à lire très tôt voire avant le CP. Il lit beaucoup et pose des questions sur des sujets variés (univers, origine de l’homme, préhistoire, etc.). Il est brillant à l’oral mais maladroit à l’écrit (graphisme, devoirs très courts jugés superficiels…). En général il s’exprime dans un langage évolué pour son âge et fait preuve d’un esprit critique développé. Sa maladresse se manifeste également dans les activités manuelles ou sportives. Il manque souvent de méthode de travail.
Toujours en quête de reconnaissance
Parfois agité, instable ou au contraire rêveur ou absent, l’élève à haut potentiel est hypersensible. Anxieux, il perd confiance, se dévalorise facilement. Malheureusement il a tendance à se conformer à la manière dont on le perçoit (cancre, paresseux, perturbateur…). Il ne partage pas les mêmes centres d’intérêt que les jeunes de son âge et recherche la compagnie des plus âgés. De ce fait, il se retrouve souvent isolé et pour être en accord avec son groupe, il peut masquer ses connaissances. Tout cela peut engendrer des troubles de l’humeur le conduisant à l’agressivité ou au contraire au repli sur soi.
Comment éviter l’échec scolaire
En cas de doute sur la précocité d’un enfant, la priorité est d’identifier ses points forts et ses points faibles. Un entretien avec les différents intervenants (équipe éducative, enseignants des années précédentes, parents, direction, médecin généraliste…) permet de croiser les regards et compléter les informations. L’équipe peut alors proposer aux parents une évaluation psychologique (test de QI) et, avec leur accord, demander l’intervention du psychologue de l’éducation nationale.
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